Film d'ouverture de la Quinzaine des Cinéastes à Cannes, "Le Procès Goldman" revient sur l'affaire Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques Goldman, militant d'extrême-gauche poursuivi pour braquages et meurtres dans les années 1970.
Visage du militantisme d’extrême gauche soutenu par Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Simone Signoret et d’autres grands noms de la culture, Pierre Goldman est un intellectuel qui a évolué vers le banditisme dans les années 1970.
Condamné en première instance à la réclusion criminelle pour des braquages, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, le militant et intellectuel né en 1944 a été sous le feu des projecteurs lors de son deuxième procès. Clamant son innocence, Pierre Goldman est un esprit insaisissable et irrévérencieux qui donne du fil à retordre à son avocat Georges Kiejman.
C’est le sujet du long-métrage Le Procès Goldman, film d’ouverture de la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes. Réalisé par Cédric Kahn (Roberto Succo, Une vie meilleure, Fête de famille), ce long-métrage, porté par Arieh Worthalter et Arthur Harari, revient sur le deuxième procès de Pierre Goldman.
Le Procès Goldman
De
Cédric Kahn
Avec
Arieh Worthalter,
Arthur Harari,
Jeremy Lewin
Sortie le
27 septembre 2023
Si le nom de Pierre Goldman vous dit quelque chose, c’est parce qu’il a un lien de parenté avec la personnalité préférée des Français. Le militant et gangster est en effet le demi-frère aîné de l’auteur-compositeur-interprète aux 30 millions de disques vendus, Jean-Jacques Goldman. Il apparaît d’ailleurs dans le film sous les traits du jeune comédien Ulysse Dutilloy, bluffant de ressemblance avec la star.
Le long-métrage de Cédric Kahn se concentre donc sur le second procès de Pierre Goldman, débuté en novembre 1975 et terminé en mai 1976, pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes.
Le réalisateur nous plonge dans un huis clos étouffant et passionnant qui enchaîne les joutes verbales brillamment écrites et qui décortique les passions déchaînées des différents protagonistes liés de près ou de loin à l’affaire.
Plus que le portrait d’un homme qui clame son innocence (uniquement pour les faits de meurtres), le film dépeint les complexités d’une figure – sorte de mythe de la gauche intellectuelle – qui dénonce, à travers son statut, qu’il voudrait de martyr, les dérives d’une police-justice des années 1970 que l’on peut facilement mettre en parallèle avec celles de notre société contemporaine.
Mais il porte aussi sur le pouvoir du langage et la force des paroles, quand elles sont l’unique attaque ou défense dans une affaire judiciaire qui manque de preuves irréfutables. Le Procès Goldman est un film bavard mais prenant, qui réussit à embarquer le spectateur et à le faire vivre dans cette salle de procès avec rythme et une certaine fougue.
Le Procès Goldman peut compter sur la prestation bluffante d’Arieh Worthalter dans la peau de Pierre Goldman. L’acteur franco-belge, vu récemment dans Serre moi fort, Bowling Saturne et Le Parfum Vert, se glisse parfaitement dans cette figure politique provocatrice et énigmatique qui a divisé la France.
Le reste du casting est également très solide, avec en tête Arthur Harari (Onoda – 10 000 nuits dans la jungle), dans les chaussures sensibles du jeune avocat Georges Kiejman, mais aussi Nicolas Briançon (Engrenages), Jeremy Lewin, Stéphan Guérin-Tillié et Aurélien Chaussade.
Qui était Pierre Goldman ?
Cet ancien élève de la Sorbonne, né de parents résistants, a rejoint de nombreux groupes et syndicats étudiants d’extrême-gauche durant sa jeunesse avant de séjourner plusieurs fois en Amérique latine pour rejoindre les rangs de la guérilla à la fin des années 1960.
Il retourne ensuite à Paris, bien qu’il soit recherché pour insoumission car il n’a pas effectué ses trois jours obligatoires pour le service militaire. En 1969, il commet plusieurs vols à main armée pour lesquels il est arrêté.
Également accusé du meurtre de deux pharmaciennes boulevard Richard-Lenoir dans le XXIème arrondissement de Paris, Pierre Goldman est condamné par les Assises de Paris en 1974 à la réclusion à perpétuité.
Durant son incarcération, Pierre Goldman écrit une autobiographie Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, publiée peu avant son deuxième procès, qui lui sert de témoignage plaidoyer et qui obtient un succès populaire et critique avec plus de 60 000 exemplaires vendus.
Ce livre, dans lequel il explique ses origines, les actes de résistance de ses parents et ses propres combats, lui permet d’attirer la sympathie de l’opinion publique et le soutien de nombreuses personnalités françaises.
En raison d’un vice de forme, le premier jugement est classé l’année suivante et Pierre Goldman se voit jugé dans un second procès à Amiens en 1976 au cours duquel il est acquitté pour les meurtres des deux pharmaciennes. Il est toutefois condamné à douze ans de réclusion criminelle pour les autres braquages.
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Mais il bénéficie d’une mesure de libération conditionnelle cinq mois après le verdict grâce à la prise en compte de sa détention provisoire et d’une réduction de peine. Après sa libération, Pierre Goldman poursuit dans l’écriture et collabore à des journaux comme Libération ou Les Temps Modernes.
Il publie également son second ouvrage, L’Ordinaire Mésaventure d’Archibald Rapoport, qui connaît un succès moindre que son permier livre. Surtout, son récit – qui met en scène un personnage auteur d’une série d’assassinats qui lui ressemble – sème le doute chez ses partisans et ses soutiens mais aussi son avocat Georges Kiejman qui estiment qu’il s’est mis en danger avec ce livre.
En 1979, Pierre Goldman est assassiné en pleine rue par deux hommes dans le XIIIème arrondissement. La police pense que la pègre est derrière son meurtre mais il est revendiqué par un groupe présumé d’extrême droite appelé Honneur de la Police. Son meurtre n’a jamais été élucidé.
Le Procès Goldman sortira au cinéma le 27 septembre 2023.